À la recherche des rhinolophes
Ce n'est pas un bien grand secret : les relevés et inventaires officiels de la faune et de la flore sur le site du Val St-Lambert ont été faits avec un manque de professionalisme et de sérieux effarants. Entre études théoriques non vérifiées, relevés effectués à la petite semaine, hors saison et avec trop peu de moyens, il est difficile, voire impossible, de déterminer exactement quels sont les hôtes de nos bois. Fort heureusement, de nombreux naturalistes indépendants comblent régulièrement ces lacunes : Daniel Martin, Charly Farinelle, Fanny Lecrenier et même Anne et Xavier, administrateurs de notre asbl, recensent régulièrement des découvertes intéressantes via les différentes plateformes consacrées (observations.be, DEMNA, etc.).
Il est en effet vital d'avoir une idée précise de la biodiversité dans l'optique d'un développement du site. Hors de question de détruire un habitat pour le lucane cerf-volant, par exemple, espèce protégée et en cours de réintroduction dans les différentes forêts de Seraing. Pareil avec les sites d'installation des castors sur le ruisseau du Villencourt, l'espèce est là aussi intégralement protégée en Région wallonne.
Le Bois du Val a donc décidé de contribuer à la meilleure connaissance de la biodiversité des bois sérésiens. Plusieurs de nos membres ont ainsi participé aux relevés concernant le lucane cerf-volant précité. Daniel Martin à lui seul a dénombré plus de 45 espèces de papillons sur le chemin derrière la piscine, surnommé depuis "chemin aux papillons". Il ne se passe pas une semaine sans que des observations nous soient rapportées, de la cicogne noire aux nouvelles installations de castors. Pour certaines espèces, c'est plus compliqué. Pour les papillons, il faudrait observer de nuit, ce qui réclament du matériel et une disponibillité personnelle importante, par exemple (or il y a beaucoup plus d papillons nocturnes que d'espèces diurnes en Belgique !).
Nous avons décidé de nous attaquer à un problème concret : la présence du petit et du grand rhinolophe sur les terres du Val. Leur présence, signalée dans le RUE, est assez remarquable et exceptionnelle pour être notée. Pourtant, de l'aveu même des auteurs du rapport (lui-même déjà ancien puisque datant d'avant 2012). Ces deux chiroptères (chauve-souris) sont protégées par plusieurs directives internationales et notamment la "Directive Natura 2000" (Directive 92/43/CEE) ce qui oblige les pays de l'UE à définir des Zones Spéciales de Conservation. Démontrer la présence de ces espèces sur le site serait donc un argument capital pour la protection des bois.
Problème : pour démontrer la présence d'une espèce de chauve-souris, il faut l'observer. Ceci ne peut se faire que la nuit (période d'activité) et est quasiment impossible visuellement. Il faut utiliser un appareil d'enregistrement des ulstrasons, puis analyser ceux-ci car chaque espèce possède une signature ultrasonique propre. Cela ne peut se faire qu'avec du matériel extrêmement spécialisé, manipulé par des professionnels entraînés. Nous avons trouvé un proferssionnel capable de s'occuper de cette tâche difficile : Nils Bouillard. Celui-ci, entre autres, participe au groupe Plecotus de Natagora et collabore avec l'UICN pour coordonner les listes rouges d'espèces menacées. C'est l'homme de la situation, et il a accepté de faire les relevés au Val St-Lambert. Ce n'est pas gratuit, ça nous coûtera environ 1200€.
Nous avons donc besoin de toutes les ressources possibles pour arriver à financer ce projet ! Nous lançons donc un appel aux dons, ouvert à tous (membres et non membres) pour essayer de rassembler la somme requise. Toutes les contributions seront les bienvenues. N'hésitez pas à en parler autour de vous.
Pour nous aider, c'est simple : faites un versement de la somme de votre choix
sur le compte BE48 9733 7312 9227 (Le Bois du Val asbl)
avec la communcation "Don rhinolophe".
Nous vous en remercions d'avance…
Voici pour complément d'information la biographie de Nils Bouillard :
La fascination de Nils pour les chauves-souris a commencé, peut-être paradoxalement, avec les oiseaux. Il commençait à s'intéresser sérieusement aux oiseaux et à explorer les zones naturelles locales autour de sa maison en Belgique. Il a été invité à participer à une étude locale sur les chauves-souris près de la ville de Chimay, une ville plus connue pour sa bière que pour ses chauves-souris.
"Lorsque j'ai vu ma première chauve-souris, un Oreillard gris de près, je suis tombé amoureux d'elles", raconte-t-il. "Je voulais tout savoir sur les chauves-souris".
Après cela, il s'est de plus en plus impliqué dans les études sur les chauves-souris dans tout le pays avec Plecotus et le Vleermuizenwerkgroep, les deux groupes de chauves-souris belges. Il a pris part à des séances de capture, à des visites de gîtes, à des enquêtes acoustiques ainsi qu'à des activités de sensibilisation du public par le biais de promenades guidées. Il a réalisé que ce qui l'avait attiré au départ était son intérêt profond pour l'écologie. Cet intérêt s'est maintenu tout au long de sa licence en biologie à l'Université libre de Bruxelles (Belgique) et de son master en écologie et conservation à l'Imperial College de Londres (Royaume-Uni).
Alors qu'il travaillait à sa thèse sur la précision de l'identification des oiseaux communs, il a été inspiré par la Big Year d'Arjan Dwarshuis l'année précédente. Ce qui n'était au départ qu'une plaisanterie est rapidement devenu un défi qu'il voulait relever. Quelques mois plus tard, la planification était en cours.
La Big Bat Year de Nils l'a conduit sur tous les continents et dans une trentaine de pays différents. Il a fini par voir 400 espèces. Parmi celles-ci, il a pu faire des enregistrements sonores de plus de 250 espèces, dont certaines dans des zones reculées et rarement enregistrées auparavant.
Désireux de partager ses expériences, il a commencé à donner des conférences, d'abord à la Conférence nationale britannique sur les chauves-souris organisée par le Bat Conservation Trust, puis à de nombreux groupes de chauves-souris qui ont manifesté leur intérêt. En 2021, il a organisé avec succès l'événement en ligne de la Nuit internationale de la chauve-souris, invitant plus de 30 intervenants du monde entier à partager leur passion pour les chauves-souris avec le grand public. Au-delà du partage des histoires de son parcours, une partie de son travail de sensibilisation est également devenue une formation par le biais de conférences sur l'analyse des sons des chauves-souris et la gestion des données.
Son expérience et son expertise en matière de conservation des chauves-souris l'ont amené à contribuer à la Liste rouge de l'UICN et à se voir proposer de rejoindre le groupe de spécialistes des chauves-souris de la SSC de l'UICN. Il est maintenant le coordinateur de l'Autorité de la Liste Rouge pour les chauves-souris européennes.
Une partie de son travail d'analyse sonore des chauves-souris, commencé en 2014, a été réalisée à titre professionnel pour un cabinet de conseil en écologie, travaillant sur des parcs éoliens. Barbastella Echology a été l'occasion pour lui de combiner les aspects de la recherche sur les chauves-souris qu'il aime le plus, l'acoustique, la technologie, la formation et la sensibilisation.
Voici aussi quelques photos de son travail :
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